Kraina futer

Les Pays des fourrures

La puissante compagnie de la baie d’Hudson désire étendre son monopole dans les régions les plus reculées du nord du Canada. En mars 1859, elle confie cette mission au lieutenant Jasper Hobson: il devra construire un fort au-delà du soixante-dixième parallèle et lancer ses chasseurs à la poursuite des animaux à fourrures.

A cette expédition militaire se joignent Paulina Barnett, une voyageuse désirant explorer ces contrées presque inconnues, et Thomas Black, un astronome qui compte observer une éclipse exceptionnelle, invisible sous les latitudes tempérées.

Un long voyage en traîneau va mener soldats et savants, à travers les étendues glacées, jusque sur les bords de l’océan Arctique, un peu au-dessus du cercle polaire. Hobson décide d’édifier le fort à la pointe de la presqu’île Victoria qui termine le cap Bathurst. Les travaux sont menés rapidement, et bientôt la petite colonie s’établit à l’abri des murs de bois du fort Espérance.

L’hivernage s’avère très pénible et le mercure du thermomètre gèle à moins cinquante-deux degrés; en outre, de terribles tempêtes de neige tiennent les explorateurs claustrés. Pour couronner le tout, des ours polaires affamés se livrent à un siège en règle; il faudra un tremblement de terre pour les mettre en fuite.

Ces dangers passés et la belle saison revenue, les trappeurs peuvent entreprendre une fructueuse campagne de chasse, et les fourrures précieuses s’amoncellent dans les entrepôts. Thomas Black ne réussit pas à observer son éclipse dans de bonnes conditions, car la presqu’île vient de se déplacer de plusieurs degrés. En fait, celle-ci n’était qu’un colossal iceberg, accolé à la terre ferme, que le séisme a détaché et transformé en une île errante.

Dans l’impossibilité de contrôler la marche de ce vaisseau naturel, les navigateurs involontaires dérivent dans l’océan Arctique, puis dans la mer de Behring où la chaleur des eaux fait fondre l’île Victoria, la réduisant à l’état de minuscule glaçon. Les malheureux, sur le point d’être engloutis, seront sauvés par Black, qui, grâce à un procédé physique simple, parviendra à consolider le glaçon qui abordera les îles Aléoutiennes.

Hobson et Paulina Barnett, qui avaient noué une sincère amitié durant toutes ces épreuves, se sépareront à regret, mais formuleront le vœu de se retrouver un jour.

Claude Legrand (1998)

 

The Fur Country

Lt. Jasper Hobson and other members of the Hudson's Bay Trading Co. and his team along with the company's guests, Mrs. Paulina Barnett and Thomas Black travel through the North West Territories of Canada to Cape Bathurst on the Arctic Ocean. At Cape Bathurst, Hobson intends on creating a new trading post for the company, Paulina Barnett is along for the adventure and Thomas Black intends on viewing a solar eclipse during the summer of the following year. The party establishes their outpost before winter sets in, but when spring arrives, nearby volcanic activity triggers an earthquake, which the colony survives; however, a startling revelation is revealed later in the summer when Thomas Black tries to observe the total eclipse. Cape Bathurst has changed its position to the north by almost three degrees of latitude and to the west by several hundred miles; Hobson determines that the Cape has become an island. Now the party's only hope is the onset of winter, so they might travel across the ice, to reach the mainland Russian America (Alaska). When a mild (by Arctic standards) winter sets in and the island is locked by the ice directly north of the Bering Strait; but the ice is not sufficiently frozen enough for safe passage across the ice. The islands colonists wait for the spring thaw and hope that island will move south with the Bering current and that the boat they've built will be able to take them to safety.

Dennis Kytasaari (2001)